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Les mystères sanglants de l'OTS

Documentaire d'Yves Boisset (France, 2005). 70 mn. Inédit.

 

Diffusion sur TSR 2 (Suisse Romande)
le lundi 30 janvier 2006 à 20 h 30

Diffusion sur France 2

le jeudi 2 février à 22 h 55.


Christian Cotten, le 29 janvier 2006

Les médias francophones se décideraient-ils enfin à sortir de la langue de bois de la version officielle des massacres de l'Ordre du Temple Solaire ? Cela se pourrait bien.


Depuis plusieurs mois, nous attendions la sortie du documentaire d'Yves Boisset sur ce dossier, sur lequel Politique de Vie a beaucoup travaillé depuis plusieurs années. Je crois bien que c'est le premier document télévisuel honnête sur cette affaire d'État. Tous ceux qui m'ont traité de fou délirant ces dernières années vont devoir faire retour sur eux-mêmes, quand ils ont encore une conscience autre que celle d'un portefeuille de journaliste aux ordres des RG ou de la DST.

J'ai pu vérifier personnellement que M. Yves Boisset avait parfaitement compris l'essentiel de la vérité sur l'OTS. Qu'il en soit sincèrement remercié ici même. J'ignore si les avocats de France 2 ont censuré ou non mes propos tenus devant la caméra du réalisateur en septembre dernier, je sais en revanche que la vérité sort enfin publiquement, même si les cloportes vont vite se charger de dévaloriser ce film. Ils ont déjà menacé le réalisateur de suites désagréables... Et d'une édition à l'autre, les présentations du film par Télérama déclinent...

En tout état de cause, film à voir et à faire connaître pour mieux comprendre le seisme qui commence déjà à secouer tout le système judiciaire français : l'affaire de l'OTS à Grenoble, croisée avec l'affaire Alègre-Xanti à Toulouse et Montpellier, sont les deux instruments majeurs qui vont permettre à la conscience collective francophone de procéder à l'euthanasie du système mafieu qui contrôle encore à ce jour les institutions de la Vème République : dans ces deux cas, comme dans quelques autres, les services de l'État protègent des criminels de sang parfaitement identifiables. Ce n'est pas acceptable dans une démocratie et le système qui supporte de tels dérapages est condamné à disparaître. La Vème République va mourir et je ne doute pas un instant que ce documentaire va contribuer au processus d'euthanasie en cours.

Je cite ci-dessous quelques extraits de récents articles de presse qui présentent le documentaire d'Yves Boisset. Je note que ce sont deux chaînes francophones publiques qui ont financé ce projet. Pourquoi aucune chaîne privée ?

Je note aussi que le ton des journalistes suisses comparé à celui des français surprend : dois-je en conclure que les RG suisses ne paient pas autant que les français pour obtenir le silence ? Ou sont moins violents ? Ou encore que les journalistes suisses font encore leur métier ?

Et je note enfin que M. Yves Boisset n'est pas journalsite, mais cinéaste. Pourquoi se fait-il que des cinéastes doivent faire le travail que les journalistes ne savent plus faire ?

 

Christian Cotten

 

En tapant "OTS" dans le moteur de recherche en page d'accueil, pour le site Politique de Vie, vous retrouverez tous nos articles archivés sur ce dossier.


Sandrine Cohen

Paru dans le journal L’illustré (Suisse) du 25 janvier 2006

(extraits)

(…) Yves Boisset déroule le fil d’une enquête méticuleusement menée et, surtout, fait le lien entre chaque tragédie, entre les uns et les autres, entre l’argent, la spiritualité et l’affaire d’État. Ca va jusque là, semble-t-il. Les révélations tombent, les questions qu’elles soulèvent sont vertigineuses. Yves Boisset pointe du doigt les dysfonctionnements commis par la justice et la police de chaque pays. (…) 

En France, procès il y a eu, mais pour juste forme. (…) Qui étaient ces deux policiers français trouvés dans le charnier du Vercors, morts calcinés après avoir assassiné puis brûlé au lance-flammes les membres de l’OTS ? Taupes agissant à la solde de Charles Pasqua, ministre de l’intérieur de l’époque ? Il y a pire : cette lettre de Di Mambro – ancien homme du Service d’Action Civique (SAC) – à son ami Charlie (Pasqua) qu’il accuse de vouloir causer sa mort. Il y a encore ce lien qui pourrait exister entre l’assassinat de Yann Piat, élue du Var, Charles Pasqua et la nébuleuse Di Mambro. Il y a…

N’en jetez plus, on est en plein secret d’État.

 

Dans le journal suisse TV8 fin janvier 2006

À propos du film d'Yves Boisset : Une contre-enquête à charge solide et bien documentée, qui laisse un goût désagréable face à une justice « sourde, aveugle et muette ».

Sarah Pernet a recueilli les propos suivants d’Yves Boisset  (extraits).

J’ai rencontré tout à fait par hasard l’écologiste Michel Pivert, qui apparaît dans mon documentaire. Il a mené des investigations autour de l’immobilier en Côte d’Azur, qui rejoint l’OTS à un moment donné. (…) L’aspect financier n’a lui non plus jamais été creusé. Depuis le départ, on nous fait croire à l’unique aspect sectaire, or il y a clairement des pistes politiques, économiques et maffieuses. (…)

En Suisse, le juge Piller brûle des pièces à conviction deux jours après le début de l’enquête et en France, on n’a même pas pris la peine d’interroger certains amis politiques de Di Mambro… D’ailleurs aucun n’a voulu s’exprimer devant la caméra. Le juge a eu opportunément deux mois de vacances au moment où il devait témoigner ! (…).

Je n’ai mis dans mon enquête que des éléments que je peux prouver. Lorsque France 2, qui a cofinancé le projet, l’a visionné, il y avait quatre avocats dans la pièce ! Mais il est vrai que j’ai reçu un coup de téléphone anonyme m’annonçant des choses peu sympathiques…

 

Dans Télérama du 28/01/2006

Entre 1994 et 1997, au Québec, en France et en Suisse, au cours de cinq carnages, soixante-quatorze membres de l'Organisation du temple solaire meurent dans des conditions nébuleuses. Suicides ? Assassinats collectifs ? La justice penche pour la première possibilité : sous l'influence de leurs gourous Jo Di Mambro et Luc Jouret, les adeptes auraient accepté de « quitter » la Terre pour rejoindre Sirius. Les familles des victimes ne sont pas satisfaites par ces conclusions. De nombreux détails laissent entrevoir la présence de tiers survivants des massacres. Les victimes ont été droguées. Brûlées semble-t-il à l'aide d'un lance-flamme.

A partir de nombreux témoignages (journalistes, avocats, proches des victimes), Yves Boisset tente d'éclairer cette thèse de l'assassinat ignorée par la justice. Malgré le ton docte et pédagogique du commentaire, l'enquête demeure confuse et piétine dans une nuée d'hypothèses jamais tout à fait vérifiées. Des affirmations stupéfiantes émaillent le film : l'OTS aurait été une machine à blanchir l'argent issu de trafics d'armes. Des pots de vin auraient été versés à « des partis politiques de droite ». Les massacres auraient été commandités par l'Etat lui-même. Les noms de Charles Pasqua et de Raymond Marcelin sont cités. Le film a le mérite d'éveiller de nombreux doutes sur le fonctionnement de la justice dans cette affaire. Mais les accusations sont trop graves pour être relayées sans davantage de preuves.


Nicolas Delesalle

 

Dans Libération du 2 février 2006

http://www.liberation.fr/page.php?Article=356122

 

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