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Le procès ou l’éloge de la fessée publique symbolique comme ultime outil du guerrier pacifique, pour faire face aux violences institutionnelles : le cas Fenech.

 

Christian Cotten, 27 octobre 2008

 

Observations de partie civile – Audience du 16 octobre 2008

17ème chambre correctionnelle du TGI de Paris.

Texte intégralement prononcé en public, devant la Cour, Mme le Procureur, le prévenu et son avocat.

Lire aussi :

en date du 29 octobre : Georges Fenech viole en public la Constitution et l'Institution Judiciaire. Christian Cotten

Article du Parisien, en date du 17 octobre.

 

Madame la Présidente, Messieurs les Juges,

Pour faire suite au texte de notre citation directe, dont je confirme tous les termes, je souhaite fournir à votre Cour, Monsieur le Président, quelques explications complémentaires, pour tenter de faire comprendre le sens de mon travail de recadrage pédagogique de la haute fonction publique, que je mets en œuvre depuis de nombreuse années, dans une perspective de cohérence avec les valeurs fondatrices de la République Française.

Mr Fenech se présente comme gardien des libertés individuelles et de l’ordre public face à « l’emprise des sectes » sur les personnes.

D’un point de vue psychosociologique, tout groupe de plus d’une personne commence à faire « secte » : du couple à la nation, tout système engendre productions collectives efficaces et utiles et emprises multidimensionnelles sur les individus : philosophico-religieuses, idéologiques et culturelles, politiques, économiques, avec modèles comportementaux imposés, discours dogmatiques etc.

Tout système engendre beautés et pathologies : institutions politiques, services administratifs, hôpitaux, entreprises, associations etc., toutes les organisations humaines engendrent des violences et des souffrances, des ouvertures créatives et des tumeurs parfois mortelles, avec des phénomènes de pouvoir qui détruisent bien souvent les individus.

M. Fenech entend user de la liberté de désigner comme « sectes », avec toutes les connotations négatives que cela engendre, tel ou tel groupe, qu’il soit spirituel ou religieux, ou encore ethnique, sans être capable de donner un fondement juridique quel qu’il soit au terme de « secte » mais en s’autorisant ainsi à pratiquer l’anathème, les généralisations abusives, l’exclusion, les amalgames accusatoires, les discriminations en tout genre, jusqu’aux violences médico-socio-judiciaires, dont sont plus souvent victimes des femmes, des mères de famille, des enfants, des personnes âgées…

M. Fenech, du haut de ses costumes de magistrat cahotique, de politique élu puis déchu, de syndicaliste judiciaire d’extrême-droite financé par les armes, jugé ces jours-ci pour ce fait au milieu d’une grande poubelle de la République, après avoir été reconnu coupable par ses pairs il y a quelques années de discours vraiment pas très sympathiques envers des citoyens français d’origine juive, entend être le Grand Inquisiteur qui désigne à la vindicte publique l’hérétique, selon son bon vouloir et ce, au nom de l’État.

Ce faisant, ce héraut de je ne sais quelle religion – Mon  Dieu, préservez-moi des religions, y compris le laïcisme intégriste !, telle pourrait être ma prière du jour - manifeste des comportements publics dignes de l’Inquisition mise en œuvre par les barbares moyenâgeux pour assassiner en les brûlant sur la place publique quelques milliers de femmes par siècle au motif qu’elles soignaient et guérissaient les hommes.

Si je peux reconnaître aisément que M. Fenech est certainement armé de bonnes intentions, je suis aussi obligé de constater que les méthodes employées par M. Fenech pour, prétend-il, sauvegarder les libertés, aboutissent très exactement au contraire du but recherché : tous les fascismes du XXème siècle l’ont montré, quand « la fin justifie les moyens », la fin en question y perd son âme et l’on aboutit aux pires violences qui soient. Les violences de M. Fenech vise au premier chef nombre de femmes, public le plus nombreux de tous les groupes minoritaires d’enseignement spirituel que le mot « secte » stigmatise par cette distorsion péjorative et insultante du sens étymologique, du latin sequi, suivre (un enseignement et/ou un maître).

Il est sans doute inutile de revenir sur ce point : M. Fenech, dans ses propos, ne peut rien prouver, puisqu’il n’y a rien à prouver qui justifierait par des faits sensibles l’injure : je ne suis membre d’aucune organisation quelle qu’elle soit, je suis un homme libre et entends le rester. Serais-je membre d’une secte que mon propos n’y trouverait pas d’autre direction : il fut un temps où « secte » désignait très simplement toute école philosophique, dans le respect, précisément, du principe de neutralité laïque.

Il est aisément démontrable ici que M. Fenech utilise la pire méthode de violence psychologique qui soit, méthode inquisitoriale par excellence, comme l’a montrée le célèbre écrivain italien Umberto Ecco dans Le Nom de la Rose, dont on fit un film, méthode aussi des procès staliniens, qui consiste à utiliser les messages paradoxaux construits en double lien.

Monsieur le Président, si je vous demande de « me faire un sourire spontanément » ou bien si je vous dis « vous êtes un menteur, prouvez-moi le contraire », j’utilise alors ce que certains psychiatres ont désigné comme un « message paradoxal » ou encore un « double lien », qui est, de fait, la structure psycholinguistique la plus efficace pour rendre l’autre fou : le double lien est un nœud avec les neurones d’autrui, le double lien est en réalité une arme psychologique mortelle ; les sorcières du Moyen-Âge finissaient toutes par avouer les crimes dont on les accusait, à moins qu’elles ne deviennent folles avant : dans tous les cas, le résultat était le même, connu d’avance : le bûcher.

S’arroger le droit de désigner « secte » quiconque aujourd’hui est une forme de peine de mort psychologique ; en droit, une forme d’incitation au suicide ou de harcèlement moral, ou, au minimum, une arme de discrimination pas positive du tout : la « secte », c’est toujours le « groupe de l’autre » ; les fondements et ressorts psychologiques – la haine de l’autre au centre – de la chasse aux sectes sont identiques à ceux des racismes ethnico-spirituels les plus ignobles du XXème siècle.

Est-ce acceptable dans un état de droit démocratique ?

J’éprouve personnellement beaucoup de compassion pour M. Georges Fenech : je ne peux oublier que, comme tout être humain, il est, sans doute avant toute autre possible définition, un enfant qui souffre. Je ne sais quelles sont les souffrances de l’enfant Georges Fenech et ne veux pas les connaître. Mais je peux faire l’hypothèse que M. Fenech souffre lui aussi d’avoir été injustement accusé un jour d’un acte qu’il n’a pas commis : pourquoi donc doit-il faire payer à des milliers d’autres personnes le prix de ses souffrances personnelles, en accusant sans aucun fondement quiconque tombe sous ses crocs ?

En manifestant les comportements de violences face auxquels j’attends de votre Cour qu’elle sache y mettre fin, M. Georges Fenech porte atteinte à l’honneur de la magistrature toute entière : l’image de la justice française aurait tout à y gagner, que de savoir reconnaître que l’un des siens nuit à l’institution.

Lorsqu’un jeune de banlieue insulte ou brutalise un adulte, enseignant, policier ou autre simple citoyen, dans nombre de cas, l’institution judiciaire sait le sanctionner. Certes, M. Fenech dispose d’un vocabulaire actif bien plus important que la plupart des jeunes de banlieue. Il n’a donc pas besoin de la violence physique pour commettre une agression, le verbe lui suffit. Mais la cause est bien la même dans ces deux cas : le rôle du gardien de l’ordre public qui est le vôtre, Mme la Présidente, est bien de mettre fin aux violences, quels qu’en soient les auteurs, gueux des rues ou princes de sang ou de cour.

M. Fenech n’est pas de bonne foi : aucune enquête sérieuse n’a été conduite par lui en ce qui me concerne ; M. Fenech a tout autant que moi les moyens de savoir qu’une note des RG me concernant, précise clairement, en 2007, je cite : « M. Cotten, dont la société a été abusivement qualifiée de «filiale de la scientologie » dans le rapport parlementaire de juin 99 ». M. Fenech a tout autant que moi les moyens de savoir que, à titre personnel, comme nombre d’amis, j’ai été victime en 99 d’une dénonciation calomnieuse relayée par des agents des RG, strictement sans aucun fondement, au motif que ma société aurait été une filiale de secte, ce qui m’a valu sa ruine pure et simple. Une plainte avec CPC a été récemment déposée ici même il y a peu pour ces faits. M. Fenech, qui revendique haut et fort le refus de tout dialogue avec tout « représentant des sectes » fuit le débat public contradictoire, refuse le dialogue et passe à l’agression gratuite : où est ici la bonne foi ?

Absence de bonne foi, absence d’enquête réelle et sérieuse, but délégitimé par les méthodes de violence psychologique extrêmes employées, absence de preuves de faits absents : beaucoup d’absences, dans la défense de M. Fenech.

Je demande donc à la Cour de bien vouloir aider l’enfant Georges Fenech, en le sanctionnant clairement : rendre la justice est aussi un acte pédagogique et éducatif ; si les souffrances intimes peuvent expliquer les comportements de violences, elles ne peuvent pas les justifier. Aider un être qui souffre de tant de violences intérieures qu’il ne peut s’empêcher de les extérioriser par les actes, fussent-ils verbaux, passe par la sanction : juste et adaptée, celle qui constitue le mur indispensable pour réfréner la violence et calmer le cerveau reptilien.

D’où le titre de ces propos : Le procès ou l’éloge de la fessée publique symbolique comme ultime outil du guerrier pacifique, pour faire face aux violences institutionnelles : le cas Fenech.

Je suis certain, Madame la Présidente, que vous saurez entendre le sens de ce message.

 

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